LE DEVELOPPEMENT DURABLE AU QUOTIDIEN

Nous avons au début de l’année 2019 dans le livre : « Place aux initiatives », voulu montrer que sans l’action conduite librement par toute une série d’acteurs, la prise en compte des besoins de chacune des catégories de population demeure insuffisante. Les revendications exprimées depuis justifient cette crainte. Le développement durable ne profite pas à tous.
C’est sur le terrain que se trouvent les réponses aux lacunes qui sont constatées. C’est localement que peuvent être mis en oeuvre les changements que se fixent depuis plusieurs décennies les réunions internationales. Sans cette participation active, beaucoup continueront à dénoncer une France à deux vitesses.
Les résultats à atteindre impliquent de viser ensemble, partout, de façon coordonnée, des objectifs économiques, environnementaux, sociaux, culturels qui constituent les bases d’un développement durable. Cela implique d’abord pour notre pays, l’intervention simultanée de l’Etat, des régions, des départements, des communes et des intercommunalités. Chaque niveau de l’administration doit s’efforcer de décliner ces objectifs dans le cadre de ses compétences et d’inscrire son action en tenant compte de celle des autres pour une bonne complémentarité, celle-ci est insuffisante aujourd’hui. Mais Il faut faire contribuer aussi au résultat les entreprises privées, les organismes aux objectifs sociaux et culturels, les établissements publics en charge de grands secteurs d’activité.
Pour parvenir à modifier la façon d’agir des différents partenaires et les faire contribuer ensemble aux mêmes objectifs, il faut favoriser des pratiques de gouvernance qui soutiennent l’initiative et structurent davantage les relations entre les parties prenantes. Des réussites en ces domaines seront mises en évidence dans notre ouvrage pour montrer le chemin à ceux qui ont pris du retard en la matière.
La loi donne aux régions une compétence dans le domaine du développement économique, elles ont un levier à leur disposition en distribuant les crédits européens, elles assurent les transports express régionaux de voyageurs, elles doivent mettre en place un plan régional de défense de l’environnement et de promotion de la transition énergétique, elles s’impliquent dans des dossiers majeurs comme celui des déchets ou des perspectives de l’hydrogène, elles gèrent les lycées qui doivent accueillir, de façon positive, toutes les catégories de population. Plusieurs régions ont mis en place de nouvelles pratiques de gouvernance de nature à renforcer leur rôle de coordination. Il convient de les diffuser.
Les départements sont responsables de l’action sanitaire et sociale qui les met en contact avec les populations les plus fragiles, ils construisent et gèrent des collèges qui accueillent souvent des élèves venant de familles déstructurées, ils gèrent les services d’incendies qui interviennent notamment dans un bâti parfois très dégradé comme cela s’est produit récemment à Marseille, ils jouent un rôle majeur dans la lutte contre les incendies de forêts, ils gèrent un réseau routier sur lequel se produisent des accidents. Ils sont présents dans le co-voiturage, dans la construction de pistes cyclables, ce qui permet d’abaisser les rejets de CO2. Ils jouent un rôle dans la gestion de l’eau, dans le domaine du logement. C’est la conjugaison de tous ces objectifs qui facilitera le développement durable sur leur territoire. De nouvelles formes de gouvernance sont aujourd’hui pratiquées dans certains départements. Elles permettent, à ce niveau d’administration, l’accélération de changements qui contribuent ensemble au développement durable, en créant de nouveaux liens avec les membres de la société civile.
Les acteurs privés ont, en effet, un rôle majeur à jouer dans leurs rapports avec les administrations. Les pouvoirs publics doivent s’impliquer dans ce domaine : nouvelles règles dans les attributions de marchés publics, création d’organes de concertation favorisant un élargissement de la prise en compte des objectifs auxquels la France adhère au niveau international : expérience des conseils départementaux de développement durable rassemblant élus, associations, responsables de l’économie qui, ensemble, répondent aux questions que leur posent les élus sur les sujets majeurs à traiter : par exemple plan climat, protection de la biodiversité, attention portée à l’enfance et à la jeunesse, fret et logistique urbaine, très haut débit, développement du numérique, le tout en élaborant une charte de gouvernance à laquelle adhèrent l’ensemble des partenaires concernés
Les acteurs privés, par leur expérience et leurs recherches, facilitent les changements utiles, leur rôle est essentiel et le livre leur donnera la parole.
Dans le domaine du logement et de l’urbanisme, ce sont les organismes de logement social et la promotion immobilière sur qui repose le développement durable : des constructions qui respectent les objectifs que l’on se fixe en matière d’environnement : des logements décents mis à la disposition de toutes les catégories de population. Les questions sociales sont essentielles en ces domaines, elles incombent notamment aux membres du réseau du logement social. Pour améliorer les performances énergétiques en ces matières, ces maîtres d’ouvrage doivent s’appuyer sur le savoir- faire de leurs contractants. Des pratiques nouvelles de rassemblement des offres de produits et services nouveaux sont présentées par telle ou telle entreprise, l’expérience conduite en Seine Saint Denis avec « rêves de scènes urbaines » est novatrice à cet égard.
Dans le domaine des transports publics de voyageurs et dans celui du fret, au-delà du rôle des régions évoqué ci-dessus, les résultats reposent sur les entreprises en charge de chacun des secteurs d’activité concernés. L’ASFA a présenté dans le livre édité par la COFHUAT en début de 2019 les travaux de recherche des sociétés d’autoroutes pour apporter leur concours dans les zones urbaines mal desservies par les transports en commun, elle a développé ses initiatives au cours de cette année. Les changements de priorité dans le transport ferroviaire sont aussi essentiels dans l’aménagement du territoire, il convient d’en mesurer les effets au fur et à mesure des changements qui interviennent.
Des parties de notre territoire posent des problèmes spécifiques dans l’application des objectifs de développement durable, ce sont les zones éloignées des grands centres et celles qui rassemblent, en banlieue, des populations fragiles. Pour les premières un équilibre est à rechercher qui évite la poursuite du climat de contestation qui s’est déroulé en début d’année et qui était prévisible, les initiatives tendant à développer des services spécifiques pour ceux qui habitent des villes moyennes ou des zones rurales, peuvent prendre les formes les plus diverses. Pour les banlieues, un très grand effort a été fait depuis trente ans mais priorité doit être donnée désormais à un urbanisme à visage humain et aux initiatives en direction des populations qui remédient aux faiblesses culturelles et à l’isolement géographique de certaines zones. Le dossier du Grand Paris est, sur ce dernier point, essentiel.
Ce sont ces faces variées du développement durable que le livre présentera avec l’espoir qu’il contribuer à combler des lacunes essentielles.