Voyage d’étude au Havre le 9 décembre 2016

Le Havre

Une délégation de 15 personnes s’est rendue au HAVRE pour visiter la ville et son port. Cette visite faisait suite à un débat de la COFHUAT sur la structure des quartiers Le Havre, délégation COFHUATdes villes reconstruites de l’après-guerre, au moment où s’opposaient classicisme et renouveau issu de la Charte d’Athènes. Le choix du parti d’aménagement du HAVRE par Auguste PERRET et son équipe, vision d’équilibre et d’harmonie d’îlots sagement regroupés dans une composition s’ouvrant sur le site portuaire, reste un exemple qu’il a paru intéressant de redécouvrir. C’était également l’occasion de voir l’évolution de ce que l’on peut considérer aujourd’hui comme le 5ème grand port du Nord de l’Europe, en parcourant les différents sites de l’espace portuaire.

Conduit par une représentante de l’Office du Tourisme, le groupe a d’abord gagné l’Hôtel de Ville, oeuvre d’Auguste PERRET. Du haut de la tour, sortant de la brume matinale, s’est révélée la silhouette des différents îlots regroupés autour de la rue de Paris, rejoignant Le Havre, perspectiveplus à l’Ouest les deux immeubles phares de la Porte Océane ; le vaste espace de la place encadrée par les premiers immeubles a permis d’apprécier une certaine démesure qui caractérise les espaces publics, tout cela en opposition avec le caractère plus modeste des îlots d’habitation.

La visite de l’appartement – témoin conçu par PERRET, restauré dans son état de l’époque, a permis au passage de constater le souci de s’ouvrir sur la vie d’un quartier et d’organiser très librement l’espace du logement. C’était un prélude à la visite des îlots représentant à l’époque 12000 logements, sur lesquels a travaillé une équipe d’architectes dont le plus remarquable fut Jacques TOURNANT. C’est le constat de la place prise par le béton armé, matériau nouveau, avec la dominante de la trame des 6,24m qui n’est que la portée utile d’une poutre en béton de l’époque. Le groupe a été frappé par la régularité et la banalité des espaces bâtis de chaque îlot, de même que par la variété des espaces et cheminements qui les entourent.

Un arrêt à l’espace Oscar NIEMEYER a montré comment les deux « volcans » conçus Le Havre, le Voulcan, Oscar Nl’architecte argentin, abritant théâtre et médiathèque, vivaient en parfaite harmonie avec le sage alignement des îlots. La visite de la médiathèque a montré la richesse de cet équipement, avec sa diversité d’espaces et d’équipements.

La visite de l’Eglise Saint-Joseph, oeuvre de PERRET, a été une révélation : l’espace sacré illuminé par la lumière de la tour et des vitraux, l’utilisation à la base de la tour d’une structure en béton armé d’une rare complexité, une architecture qui invite au recueillement… C’était l’une des étapes les plus marquantes de la journée.Cathedrale, Auguste Perret

L’après-midi a été consacré à la visite de l’espace portuaire et de son récent développement. Cet espace est constitué d’un ensemble de bassins dont le premier fut réalisé sous François 1er. Il est difficile de se représenter l’étendue du Port du HAVRE, avec l’importance des trafics maritimes et fluviaux qu’il génère (120 millions de tonnes par an – 40% des approvisionnements de pétrole brut). La visite a permis de constater la présence d’un nombre important de containeurs pris en charge par tout un ensemble de grues cheminant sur des rails. Mouvement des bateaux mis en place par des remorqueurs, alignement des quais avec l’empilement des containeurs : ce paysage s’est déroulé tout au long du parcours, avec au final l’entrée dans l’immense domaine sagement contrôlé de Port 2000.

Sans doute peut-on s’étonner de l’éloignement de la liaison ferroviaire dans un si vaste aménagement, ce qui suppose le développement d’un trafic routier à l’échelle des besoins.

Le Havre, Port 2000La visite n’a pas permis dans les limites du temps d’observer une autre face de l’espace portuaire : celle, chargée d’histoire, du port des grands transatlantiques à l’Ouest de la ville, au droit de la digue Nord.

Au retour, la traversée des quartiers des CHAMPS BARETS et de l’EURE a permis d’observer la mutation de secteurs urbains qui ont accueilli des équipements sportifs, des établissements d’enseignement, des activités, sous des formes architecturales fort éloignées de la sagesse des îlots reconstruits du centre-ville. Témoins les logements d’étudiants situés dans des empilements d’anciens containers.

Beaucoup d’éléments n’ont pas pu également être abordés, notamment l’avenir de la Communauté d’Agglomération Havraise dont les activités ne cessent de se renouveler (aménagement du Havre Plateau, à proximité de l’aéroport d’Octeville).

Le choix délibéré d’une visite approfondie de la ville reconstruite a permis de reconstituer une part de l’histoire de l’urbanisme de l’après-guerre, en montrant l’importance de l’effort accompli en quelques années par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, animé à l’époque par Raoul DAUTRY et son équipe d’architectes. La comparaison avec d’autres villes peut susciter un débat sur les structures urbaines et les leçons à en retirer aujourd’hui.