Si la population de la région d’Ile de France n’a cru qu’à un rythme modéré au cours des 20 dernières années, le rôle de Paris dans le monde s’est, dans le même temps, profondément accru. Il existe aujourd’hui un décalage entre cette ambition nouvelle portée par les acteurs de la vie économique du monde et un mode de gouvernance locale hérité du passé. Dans le domaine du transport public de voyageurs, les lignes de banlieue de la SNCF ont été dessinées en leur temps pour desservir des petites villes situées autour de Paris, les RER ont accompagné la naissance des villes nouvelles, le réseau métropolitain a peu évolué, beaucoup des nouveaux centres de décision souffrent de faiblesses faute de desserte : mauvaise liaison avec les aéroports par exemple. Les usines étaient dans l’ensemble bien desservies par le réseau, elles ont pour beaucoup disparu, les emplois qui leur ont été substitués, l’ont été le plus souvent en d’autres lieux, développant l’usage de l’automobile sur une voirie qui n’avait pas été conçue dans ce but
Les classes les plus modestes de la population trouvaient à se loger en ville, elles se sont progressivement regroupées dans des logements collectifs plus confortables mais souvent très mal desservis et vieillissant mal. Le mouvement de décohabitation a accru les besoins. Au total, aujourd’hui, pour faire face à la pénurie de logements, il faut accroître de façon massive l’effort de construction, notamment dans les endroits qui seront bien desservis par les transports en commun programmés.
Les instantes compétentes étaient bien sûr sensibles à ce constat mais étaient freinées dans leurs efforts par la rigidité des structures territoriales.
C’est le premier mérite de la démarche du Grand Paris d’avoir suscité un rassemblement d’acteurs jusque là dispersés, d’abord autour d’un projet de transport ferroviaire radicalement nouveau dans ses finalités, ensuite par le vote d’une loi qui favorise, avec les contrats de développement territorial, un changement de rythme dans la construction de logements aux endroits les mieux desservis en transports, enfin par une regard prospectif, confié à quelques grands cabinets d’architecture et d’urbanisme, sur le Grand Paris de demain, qui a eu le mérite d’élargir les horizons de tous les décideurs.
Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs ont intégré ces données nouvelles et ont l’intention d’occuper à plein la place qui leur est réservée. Ce numéro de notre revue leur permet d’exprimer ce qu’ils considèrent chacun comme essentiel, il prend donc sa place dans les efforts faits pour tirer le meilleur parti des moyens nouveaux.
La question du logement constitue la partie la plus difficile, le changement de rythme considéré comme nécessaire par la loi, impose des initiatives qui ne sous-estiment pas l’attachement des populations à la qualité du cadre de vie, notamment en termes de densité, qui identifient les obstacles juridiques et financiers et qui associent toutes les parties prenantes dans une démarche cohérente. La Cofhuat leur apporte son soutien
La Population d’Ile de France a, lors du débat public auquel elle a participé massivement, émis des craintes sur le respect des délais. Les prises de position qui vont suivre dans ce numéro sont de nature à la rassurer. Elle continuera sûrement à se manifester lors des consultations prévues à chaque étape des projets. Il faudra l’écouter sans perdre de vue l’objectif majeur : donner à Paris les moyens de conforter son rôle de « ville monde ». Cela exigera, de la part de tous, du courage et une détermination sans faille.